Journal
de marche et des opérations de 1946 à 1954
Année
1946
Le
20 janvier 1946, le D.C.R. de la 3e D.I.C.
embarque à Marseille pour l'Indochine. L'arrivée des
premiers éléments se fait le 12 février à Saïgon.
Le 25 avril, tous les éléments du D.C.R. ont rejoint
leur unité. Ce jour-là, le D.C.R. est constitué en
Compagnie et devient la 61e Compagnie de
circulation routière. C'est à partir du 1er
mai 1946 que la C.C.R. devient Compagnie autonome. Le 10
juillet, la 61e C.C.R. remplace dans ses
positions la 73e C.C.R. partant pour le Laos
et le Cambodge (gares routières, patrouilles de jour et
de nuit). Elle assure le service d'ordre au Port. Le 15
juillet, elle repasse sous les ordres de la 3e
D.I.C.. Du 6 au 13 novembre, elle repasse ses consignes
de circulation de Saïgon-Cholon à la 73e
C.C.R. (fléchages d'itinéraires, liaisons). Durant
cette année, la 61e C.C.R. assure
essentiellement des patrouilles de police de la route et
de sécurité ainsi que de missions de jalonnement, de
service d'ordre de reconnaissance et de contrôle.
Année
1947
En
février, elle participe aux opérations des provinces rétrocédées
au Cambodge. On lui confie la circulation de l'axe Saïgon-Dalat.
Par ses postes fixes de Baqueo Binh Loi, Phu Lam, Neak
Luong, Kompong Luong, elle contrôle toutes les
principales routes d'Indochine Sud et y régule tout le
trafic routier dans ses principaux axes : Saïgon
vers My-Tho et Dalat, Phnom Penh vers Kampot, Siemreap,
Kompong Cham, Battambang. Elle contrôle également la
circulation routière à l'intérieur de la place de Saïgon
Cholon en faisant des patrouilles de jour et de nuit.
Elle participe à de nombreuses opérations de nuit en
liaison avec les commandos à l'intérieur ou dans les
environs de la ville de Cholon.
En
avril 1947, un peloton de la 61e C.C.R. est détaché
au Cambodge sous l'autorité du commandement des forces
de ce royaume. Il fournira toutes les escortes et
piquets d'honneur lors du voyage du haut-commissaire et
du général commandant supérieur du Cambodge à Phnom
Penh, les patrouilles de nuit du 2e peloton
assurent des missions de circulation et de sécurité
sur ordre du colonel commandant les forces du Cambodge.
Le peloton de circulation routière, chargé du contrôle
aux points sensibles, est lui fractionné à Svay Rieng,
Neak Luong, Kompong Luong et Kompong Cham ; deux
postes en réserve assurent la police de circulation à
Phnom Penh. Le 25 avril 1947, le convoi de Cantho est
attaqué : un convoi de 13 véhicules militaires et
28 véhicules civils, dont 2 V.L. transportant le
ministre de l'Éducation Nationale de Cochinchine et le sous-secrétaire
d'État à l'information, tombe à 10h45, dans
une grosse embuscade, dans le village de Tan Hiep, à
l'ouest de My-Tho. Le bilan est lourd : 42 tués et
4 disparus, 12
blessés, 8 véhicules militaires détruits et 4 civils
tués.
Le
23 mai 1947, un nouvel accrochage léger se produit sur
la route de Vinh Long. Durant les mois suivants, les
nombreux convois sur Vinh Long sont réorganisés ;
ils seront désormais sous la conduite d'un officier des
blindés, un officier et un sous-officier du Train
devenant son adjoint. L'espacement des véhicules sera
de 300 mètres, des éléments
mobiles de circulation assurant la police du convoi sont
fournis par la C.C.R ; ces éléments sont en
liaison radio avec les éléments mobiles de sécurité,
d'intervention rapide. Des barrages (tranchées ou
abattis) ralentissent souvent ces convois. En août
1947, la C.C.R. reçoit un nouvel armement : les
mitraillettes Sten
en remplacement des mitraillettes Thompson.
Le
19 décembre sur la route de Ban Me Thuot, un convoi est
attaqué. Un convoi de 80 véhicules (10 militaires et
70 civils) roule en direction de Ban Me Thuot. Au total,
le convoi compte 9 morts dont 2 agents de circulation,
15 blessés dont 2 conducteurs de la 61e
C.C.R. vingt véhicules sont détruits.
Réveillés
tous les matins à 3h, le personnel de la C.C.R. au
complet assure inlassablement la mise en route des
convois de la gare routière. Elle tient les postes de
contrôle des itinéraires d'accès à Saïgon et
effectue régulièrement des patrouilles sur la route Saïgon
- Nha Be, escorte sur sa demande le général commandant
les Troupes Françaises d'Indochine du Sud (T.F.I.S..).
Elle fait des contrôles systématiques dans l'agglomération
Saïgon Cholon et a entamé le fléchage des itinéraires
relevant des T.F.I.S.. Enfin, dans le cadre du quartier
VI et malgré son déficit en personnel, la C.C.R. 61 a
eu à cœur de seconder des unités voisines en
reprenant son tour normal de patrouilles de nuit et en
effectuant quelques fois des patrouilles exceptionnelles
dictées par les circonstances.
Parallèlement
à ses missions, un travail obscur est effectué par le
personnel des Services Généraux dont on ne dira jamais
assez l'esprit de dévouement. Dans une C.C.R., il n'y a
presque jamais d'actions de masse, mais souvent au
contraire, travail par petits groupes isolés et sorties
individuelles sans horaire déterminé.
À
Saïgon, une gare routière de départ fonctionne à
Dong Xoai. Les embouteillages au bac de My Thuan ont été
évités par deux «dispatching» respectivement assurés
au départ de Saïgon et d’An Huu. Les postes de contrôle
ont été aménagés et rappellent maintenant par leurs
installations pratiques et particulièrement visibles,
leurs signalisations et bureaux de renseignements, ceux
de l'armée. Au cours de cette année, les efforts ne se
sont pas relâchés : il a fallu en permanence,
niveler, colmater, instruire, rechercher en un mot le
rendement maximum et le progrès dans tous les domaines.
La 61e C.C.R. est fière de participer à la
«Répression de la rébellion et Pacification» suppléant
aux difficultés de toutes sortes par une bonne volonté
et un allant qui ne démentiront jamais.
Année
1948
Presque
quotidiennement des accrochages légers ont lieu entre
les convois et les rebelles. Les avions de
reconnaissance signalent les barrages, les tranchées et
la présence de rebelles. La compagnie est renforcée de
10 sous-officiers et 40 militaires du rang. Attaque du
convoi de Dalat le 1er mars 1948 : le
convoi comprend 69 véhicules dont 53 civils. L'escorte,
composée de deux automitrailleuses et de 4 sections de
protection (22e R.I.C. et 4e B.D.P.),
est répartie en 3 éléments : tête, milieu et
queue de la colonne. La circulation est assurée par un
poste de la 61e C.C.R. disposant d'un scout-car
radio. L'élément de dépannage est fourni par la 2/519
C.T.
Au
cours de la journée la colonne est d'abord accrochée
par 3 fois. Le combat se poursuit jusqu'à 20h15, au
moment du décrochage d'une partie des rebelles cédant
sous les coups de l'aviation de chasse. Vers 21h00, les
premiers secours arrivent de Dalat. La plupart des véhicules
du convoi ont été détruits ou brûlent encore. On
compte au total une cinquantaine de morts, de nombreux
blessés et disparus.
La
mise en route tous les matins des convois à la gare
routière s'est effectuée avec une ponctualité
remarquable. Le fonctionnement des gares routières têtes
de ligne et des gares routières d'arrivée s'est révélé
toujours satisfaisant. Toutes les modifications
survenues au réseau routier ont été journellement
signalées au commandement. Sur certains axes et à
certaines heures, la circulation est rendue libre :
Saïgon à Bien Hoa, de Saïgon à Thu Dau Mot, et de Saïgon
à Cant Ho.
La
C.C.R. reçoit un renfort de 4 sous-officiers et 20
militaires du rang. Le fléchage mis en place par la
C.C.R. fait des essais de liaison par pigeons voyageurs
lors d'attaques des convois. De nombreux véhicules isolés
sont arrêtés, pillés, et leurs occupants faits
prisonniers. Pas un seul mouvement au départ de Saïgon
qui n'ait été régulé par les postes de contrôle.
Pas une seule mission de surveillance de la circulation
à laquelle la Compagnie n'ait participé. Les
renseignements de tous ordres (circulation, transports,
matériel) recueillis et centralisés ont fait l'objet
de suggestions particulières ou d'études d'ensemble.
Au cours de l'année 1948, le peloton de circulation détaché
au Cambodge a effectué 1800 km
de reconnaissances routières et patrouilles de sécurité
tout en assurant en outre le contrôle routier et de
nombreuses escortes.
Insensiblement
et parce que la formule du convoi escorté a fait
faillite, on s'est acheminé vers la protection
indirecte de la route. Cette solution qui donne
d'excellents résultats, n'apporte pas de modifications
profondes aux méthodes d'emploi des unités de
circulation dont le rôle ne change pas.
Année
1949
Les
embuscades contre les camions et les cars sont presque
devenues quotidiennes, les véhicules capturés après
avoir été pillés, sont incendiés. Les convois sont
également harcelés et le nombre des victimes est
important. De plus à chaque passage des convois, les
routes se dégradent de plus en plus et les ponts sont
souvent en mauvais état. Le convoi dit «opérationnel»
mis au point fin 1949, est une véritable opération
interarmes qui met en œuvre toutes les unités
disponibles -tabors, légionnaires, parachutistes, blindés,
génie, artillerie train- pour assurer la sécurité de
la colonne automobile. Avant le départ, le convoi formé
dans la gare routière est articulé de la manière
suivante : en tête, escorte blindée composée
d'un à deux véhicules blindés «automitrailleuse ou
halftrack» et d'un soutien porté; P.C. opérationnel
comprenant les moyens radio nécessaires à la liaison
avec le P.C. du commandant du Train de la zone frontière
à Lang Son et avec l'escorte, le réseau Train du
convoi, un détachement de liaison de l'artillerie
d'appui direct ; P.C. Train avec un poste de
circulation, un véhicule radio et 1 escorte sur G.M.C.;
un nombre variable de rames de 10 à 12 heures; en
queue, un élément lourd disposant d'un poste de
circulation d'un véhicule de dépannage et d'une
escorte blindée de composition analogue à celle de tête.
Les
garnisons des postes, tout au long de l'itinéraire,
assurent la protection rapprochée et statique du convoi
avant et pendant son passage; Les rames quittent la gare
de départ toutes les dix minutes environ.
Année
1950
L'action
rebelle contre les voies de communication s'intensifie
et s'étend sur le territoire. Les embuscades dont sont
victimes les unités du Train sont multiples.
Le
30 mars 1950, c'est au tour du convoi de Dalat d'être
attaqué par environ 1000 rebelles sur 25 kilomètres,
entre les P.K. 64 et 89. Les Viet Minh restent maîtres
de la route jusque vers 15 heures. On compte alors 22 véhicules
brûlés dont 1 militaire, 10 tués ou disparus, 3 blessés.
Cette année se déroule avec les mêmes incidents que
l'année 1949 : embuscades, agressions de convois
isolés, pillés et incendiés.
Année
1951
Les
attaques contre les véhicules se font moins nombreuses
que les années précédentes.
Extrait de la citation de la 61e CCR du 11.4.53
(page 27 de l'historique de la CCR)
"le 30 janvier 1951: toujours sur BAN-ME -THUOT, le poste de la C.C.R. après un violent accrochage, dégage quatre camions
détournés, récupérant un P.M. et laissant un mort ennemi sur le terrain."
Le
brigadier-chef Claude
Laporte était un des
sous-officiers en charge
du poste de circulation
de ce convoi à destination de Ban Me Thuot
et quelques photos
avaient été faites
durant cette embuscade
sur la RC1 voir la
carte.
Ses actions durant cette embuscade et au cours d'opération dans la plaine des joncs le 12 août 1951 lui
ont valu une citation à l'ordre de la brigade ainsi que l'attribution de la croix de guerre des théâtres d'opérations extérieures avec étoile de bronze.
PK64 30 Janvier 1951, convoi stoppé à Phuoc Hoa pendant l'embuscade
Un char
M3 Stuart du 5e cuirassier remonte le convoi en direction de l'embuscade située au kilometre 71
Deux photos prises après l'embuscade au
PK71,
sur la première photo on voit le Stuart M3 et une automitrailleuse Coventry probablement
aussi du 5e cuirassier
qui assurait des éléments de protection des convois.
Cette portion de route était très prône aux embuscades
5e
Cuirassier
"Royal
Pologne"
Le 3e escadron:
- Elément
de réserve
des Troupes
Françaises
en Indochine
Sud (TFIS),
le 3e
escadron
participe,
jusqu'à la
fin juillet,
à quelques
opérations
à proximité
de Saïgon
et effectue
des escortes
de convois.
- En
1951 le PC
du régiment
est à Thu-Dau-Mot
et les six
escadrons à
Dau-Tieng,
Suzannah (près
de Ben Hoa),
Dian, Chon-Thanh,
Ban-Me-Thuot
et
Phan-Thiet.
- Reference:
http://cavaliers.blindes.free.fr/rgtdissous/5cuirsh4.html
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Année
1952
Les
diverses unités du Train au Sud Viêt Nam remplissent désormais
leurs missions dans des conditions améliorées. L'aide
massive accordée par les États-Unis permet un certain
renouvellement du parc automobile et l’accroissement
du potentiel des unités; l'extension de la pacification
facilite l'exécution des mouvements et transports :
le nombre des embuscades et des incidents est en régression,
sans toutefois disparaître totalement.
C'est
par exemple l'attaque du convoi de Ban Me Thuot survenue
le 12 février 1952 entre les postes de Phuoc Hoa et An
Binh (P.K. 71 à 81). La colonne comprend 60 véhicules;
elle est articulée en une première rame de 11 camions
avec une escorte d'un scout-car et son soutien porté,
une deuxième rame de 13 véhicules, l'élément du chef
de convoi et un scout-car de l'escorte, une troisième
rame d'une dizaine de camions civils dont 6 sont chargés
d'essence et, en queue du convoi, l'élément de dépannage
et le reste de la protection. Un Morane survole la
colonne.
A
12h30, les rebelles déclenchent une attaque générale
de la tête à l'extrémité de la colonne;
Au
total, 7 camions, dont 3 militaires ont été incendiés,
2 militaires tués et 8 blessés, mais l'essentiel du
convoi a pu être sauvé.
C'est
encore l'attaque du poste de la 61e C.C.R. à
Binh Loi au cours de la nuit du 5 au 6 août 1952 :
à 23h15, le conducteur de faction, blessé par un
rebelle qu'il a aperçu, peut néanmoins donner l'alerte.
L'arrivée d'une patrouille blindée, envoyée par le
secteur, contraint l'adversaire à se replier en
direction de Thu Duc, jusqu'à une ligne de paillotes
située à environ 200 mètres
en retrait de la route. Le feu continu jusque vers
00h15, puis les rebelles disparaissent emportant leurs
morts et leurs blessés. Le poste n'a pas eu de
nouvelles pertes au cours du combat.
Année
1953
La
61e C.C.R. perçoit de nouvelles motos :
Harley Davidson.
Année
1954
Le
1er novembre la 61e C.C.R. devient 261e C.C.R. Aucune
modification dans sa composition et son organisation.
Bibliographie
Le Train en Indochine
– 1945-1954 » du colonel Georges COUGET
Insignes de tradition des formations du Train »
Service historique de l’armée de Terre
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